lente, et ceux-là qui recherchent dans les complications de l’intrigue l’intérêt d’une œuvre romanesque, ne trouveront pas leur compte dans Nord-Sud. M. Desrosiers a ici préféré aux grosses émotions les délicates, au romanesque compliqué la vie calme des paysans, aux profondes agitations le déroulement simple, suffisamment varié, d’une existence plutôt paisible. C’est d’ailleurs dans un tel cadre, et dans ces horizons qui vont du fleuve et du lac Saint-Pierre aux Laurentides, que l’artiste avait chance de mieux montrer un coin de chez nous.
Ce coin, M. Desrosiers l’a montré avec toute la variété d’objets et de couleurs que l’on sait. Et c’est ainsi que par ce roman régionaliste s’allonge la galerie des tableaux rustiques que nous offre la littérature canadienne.
On a voulu rapprocher Nord-Sud de Maria Chapdelaine. Ces deux romans sont pourtant aux deux extrémités de la galerie : Maria Chapdelaine, paru en 1916, est, pour la période de littérature régionaliste qui commence un peu après 1900 le premier tableau qui ait fortement attiré l’attention ; Nord-Sud, paru en 1931, est jusqu’à date le dernier. On peut assurément rapprocher les deux œuvres. Elles sont toutes deux très belles, mais elles le sont d’une beauté différente. Et cette différence provient non seulement de la diversité des lieux et des milieux où se déroule l’action — le pays du Lac Saint-Jean dans la première, celui de Berthier dans la seconde — mais aussi de l’art qui n’est pas semblable. L’art dans Maria Chapdelaine, s’inspire d’une technique et d’un goût plus sûrs. L’art dont est fait Nord-Sud a des qualités de premier ordre où l’on souhaiterait parfois plus de mesure ou plus de continuité, et parfois aussi un sens plus rigoureux du génie de la langue. Si donc il semble que l’étoffe dont est fait Nord-Sud est plus dense, c’est-à-