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LE CŒUR EST LE MAÎTRE

trouve ridicule, et se promet de visiter Bayonne sans aller voir Gabrielle d’Arjac. Mais affolé par les sentiments contraires qui le bouleversent, et comme pour se libérer d’un cauchemar, il va frapper à la porte des d’Arjac. Il voit une sœur cadette, puis la mère, puis Gabrielle. Il tient avec sa correspondante amoureuse une conversation qui est l’une des plus belles pages du roman.

« Je m’étais juré, dès le début de ma correspondance avec vous, de venir me montrer sitôt que le flirt tournerait au sérieux… je tiens ma promesse… C’est fait : je m’en retourne. »

À Gabrielle que la réalité n’a pas déçue, et qui voudrait s’attacher à Gérard : « je suis venu pour vous sauver de vous-même, Gabrielle, s’il y avait lieu. Pour vous demander pardon du mal que je vous aurais fait si j’étais resté au pays et si j’avais continué à vous parler d’amour … Je suis venu vous prouver qu’on n’aime pas une ombre, un fantôme, une lettre… »

Gérard ne s’interposera plus entre Gabrielle et son fiancé basque, M. Etchevary. Le lendemain un câblogramme à la petite et discrète et sage dactylo : « C’est vous que j’aime, Alice. Voulez-vous être ma femme ?… »

Tel est le cas étudié, raconté par M. Antonin Proulx. Cas psychologique que son art du récit et sa pénétration des âmes ont rendu vraisemblable. On se laisse emporter, avec quelque répugnance d’abord, puis avec intérêt et sympathie vers l’incroyable voyage à Bayonne. C’est tout le problème du bonheur qui est ici exposé. Le cœur est le maître : on l’éprouve à chaque page du roman ; comme l’on voit aussi que de discrètes et sages et douces influences peuvent avoir raison du cœur.

Monsieur Proulx se complaît dans l’analyse des états d’âmes ; il manie le scalpel avec dextérité, et il fouille