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LA FERME DES PINS

que la hache n’a pas tué, seulement assommé, et qui garde assez de force pour se tenir sur ses pattes…[1] »

Mais je m’excuse d’insister sur toutes ces faiblesses du dernier roman de M. Harry Bernard. C’est parce que l’auteur peut écrire une langue excellente que la critique doit lui reprocher de ne le faire pas. J’ai dit ailleurs que l’auteur de la Terre Vivante est l’une des précieuses espérances du roman canadien. Il me suffirait pour me justifier encore de citer telles ou telles pages de la Ferme des Pins : une rencontre de Georges et de Madeleine[2], la pêche aux petites grenouilles[3], la description de la plaine que traverse un jour le vieux Robertson[4], le vieil album de Miss Parker[5] les souvenirs du défricheur[6], le renouveau du printemps sous l’œil attendri de James convalescent…[7]

Ce qu’il faut surtout louer chez M. Bernard, c’est le don de l’observation, l’art de voir le détail, et de le peindre d’un trait court et net. C’est le sens du pittoresque, et c’est l’aptitude à surprendre, à retenir dans un paysage, dans une scène de la vie, ce qui est proprement caractéristique. C’est par tout cela que l’auteur de la Ferme des Pins plaît encore au lecteur ; c’est tout cela qui nous assure aussi que son talent n’a pas encore réalisé toutes ses promesses ; et c’est donc tout cela qui nous fait attendre pour demain une œuvre meilleure.

Février 1931.

  1. P. 68.
  2. P. 56-57.
  3. P. 82.
  4. P. 93-95.
  5. P. 106-107.
  6. P. 121-123.
  7. P. 200-202.