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LE CENTURION

Tullius cette Castellamare qui ne sera construite que plus tard, après l’éruption du Vésuve de l’an 79, sur les ruines de l’ancienne Stabies.

Voulez-vous extraire de ces parties narratives du roman des pages choisies ? Lisez les descriptions que fait Caïus de la Galilée et du Jourdain ; prenez au journal de Camilla ses visions de Pompéi, de Carthage et d’Héliopolis, refaites avec elle ses courses à travers le désert. Ou bien, parcourez avec Onkelos et Camilla les alentours de Jérusalem ; ou encore, contemplez la ville sainte telle qu’elle apparut à Jésus le matin du 6 avril de l’an 783, quand de Béthanie, il vint une dernière fois contempler la cité perfide :

… bientôt les blancheurs de l’aube se teignirent de rose et se nuancèrent d’orange.

Le ciel déplia sa robe d’azur, et en trempa la frange dans le sang de Moab. Tout l’horizon rougit ; puis il s’enflamma, et la terre réveillée par l’incendie entonna la joyeuse chanson de la vie, pendant que le ciel poursuivait son éternel hosanna en l’honneur de la Divinité.

L’Homme-Dieu reprit son ascension, et arriva au sommet de la montagne. À sa gauche, au loin, la clarté matinale lui montra les murs de sa ville natale, et les champs des bergers qui l’avaient adoré dans son berceau.

Devant lui, toute la Ville-Sainte, la Ville des villes, déploya ses murailles crénelées, ses bastions formidables et ses hautes tours. Il n’en était séparé que par la tranchée profonde du Cédron, qui allait se joindre au sombre ravin de la Géhenne.

Au sommet du mont Sion, il apercevait dressant leurs têtes comme des sœurs jumelles en deuil, les tours du palais de David et la coupole de son tombeau. Plus près, au-dessus des murailles les rayons de l’aurore caressaient les admirables portiques de Salomon, et donnaient des reflets roses aux blanches colonnades de marbre. Les frontons s’étageaient au-dessus des frontons dans les clartés du matin, et le dôme du Saint des Saints couvrait les vastes édifices du temple comme une couronne d’or et de pierres précieuses.[1]

Ces descriptions, harmonieuses, exubérantes, où même parfois les mots sont plus drus que les choses, constituent

  1. P. 320.