jours décisifs : les hésitations timides de Pilate, l’aveu final du centurion, la conversion de Camilla. Le vieux Claudius lui-même, attendri et bouleversé par tant de miracles divins, reconnaît en Jésus le Messie ; et c’est au bord du lac de Tibériade, après le repas du soir pris sous une tonnelle, qu’il met dans la main de Caïus celle de Camilla. Plus tard, au Cénacle, le chef des apôtres « célébrera le mariage » des deux fiancés de Magdala.
Il a fallu à M. Routhier quatre cent soixante pages de texte compact pour dérouler avec toute l’ampleur que lui suggéraient ses souvenirs et son talent le thème qu’il s’est imposé.
Sur ces pages, il a d’abord esquissé des paysages, peint des tableaux de vie orientale, déposé toutes les couleurs que son imagination a rapportées des pays du soleil. M. Routhier voyage comme doit faire un homme d’esprit : il observe, il cherche, il étudie, il écrit, et ce sont maintes feuilles détachées de son carnet qu’il a laissées tomber dans son roman. D’où il suit que nous allons souvent à travers le livre entre deux descriptions qui agrémentent le récit et reposent l’attention. Ces descriptions, tour à tour appuyées sur un fond de nature ou sur un fond d’histoire, tantôt vous procurent la vision des choses, et tantôt vous font ressouvenir des leçons oubliées du collège. Vous réapprenez votre histoire, la romaine, l’égyptienne et la juive. Au lecteur, qui croit voyager, le roman de M. Routhier sert souvent de guide complaisant : il est alors un manuel d’histoire ancienne plus érudit, plus littéraire que ne sont les manuels, un Baedeker original qui déborde à la fois de renseignements et de poésie.
Et cette histoire et ce guide sont assez scrupuleusement exacts. Tout au plus, remarque-t-on, en passant, un léger anachronisme commis par Caïus, quand il rappelle à