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LAURE CONAN

L’OUBLIÉ[1]




Voici un livre qui a toutes les apparences d’un roman, mais dont M. l’abbé Bourassa, qui a écrit pour lui une belle préface, ne sait pas lui-même s’il est bien un roman. Ce sont, dans L’Oublié, de fines études d’âme humaine, des tableaux d’imagination, des dialogues sur notre histoire, des scènes de la vie coloniale : le tout plus ou moins lié, mêlé et fondu, si bien que Laure Conan semble vouloir traiter les genres en prose comme les romantiques de 1830 ont fait les genres en vers. Elle brise les moules, elle fait éclater les cadres, elle abat les frontières ; c’est une internationaliste en littérature. Relisez plutôt À l’œuvre et à l’épreuve, qui a précédé de quelque dix ans L’Oublié, et essayez de donner un nom à ce livre composite, et de le ranger dans quelqu’un des genres classiques que vous savez.

Cependant, L’Oublié est fait d’après un plan plus précis, se détache dans des lignes plus nettement dessinées que À l’œuvre et à l’épreuve, et nous ne serions pas étonné s’il était quelque jour définitivement placé, dans notre bibliothèque canadienne, sur le rayon des romans historiques. C’est là, pour notre part, qu’aujourd’hui nous le rangeons volontiers.

  1. L’Oublié, par Laure Conan, chez Beauchemin, Montréal, 1902.