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ou l’autre, à consigner des vœux au registre des offres et des demandes et à en noter les inscriptions qui les intéressent. Une fois ou l’autre, chacun aura à soumettre à un confrère ou à recevoir de lui telle ou telle proposition.

Que de travail pour les traducteurs et d’impatience pour les voyageurs ! Or, ce sont les voyageurs, interprètes les uns des autres, qui subiront le travail et l’impatience. Mais de cette confusion des langues où l’esprit entravé et harassé guettera pour les retenir les mots universellement intelligibles, quel idiome passe-partout dégagera-t-il à la fin ?

Le docteur Zamenhof raconte qu’il se trouva lui-même dans une semblable tour de Babel, et qu’un beau jour les diverses langues se fondirent pour lui en une seule, latente, virtuelle dans chacune des autres. Je ne pense pas que ces voyageurs dégagent l’Esperanto des nombreuses langues qu’ils entendront au Moresnet-Neutre ; mais, comme l’Esperanto y sera aussi représenté (et cela sous la forme d’un oficejo et d’un cours public), ils le retrouveront au fond des autres langues, au fond de leur langue maternelle, et verront en lui leur extrême simplification. Je ne dis pas qu’alors ils l’adopteront, je dis qu’il s’imposera à eux. Montrez-leur que naturellement ils possèdent l’Esperanto, l’Esperanto les possédera.

Donc, si l’on considère que les hôtes du Moresnet-Neutre s’efforceront d’extraire du chaos des langues les mêmes moyens d’expressions, que ces efforts tendront à engendrer l’Esperanto, qu’une agence et un cours espérantistes fonctionneront sur le territoire neutre pour favoriser cette genèse et que l’Esperanto se parle au bout de trente heures, il n’y a pas de doute que cette langue ne devienne la langue des voyageurs internationaux.

IV. Comment et de quel droit les espérantistes