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placement commercial de ses produits. S’il est question de paix ou de guerre, c’est encore au sujet d’opérations commerciales, le rapprochement des hommes devant se réaliser à tout prix, d’une façon sanglante ou d’une façon fraternelle. Or l’Esperanto veut aider à ce rapprochement, veut qu’il se produise dans la fraternité, et les voyageurs internationaux, courtiers de la grande industrie et du grand commerce, sont les artisans désignés de l’œuvre qu’il poursuit.

Supposez un moment que ces voyageurs soient arrivés à parler entre eux la langue nouvelle. Ils se coudoyaient dans les villes tout en se sentant séparés par leurs idiomes ; aujourd’hui, dès qu’ils s’aperçoivent il n’y a plus de barrière entre eux, et l’élimination de vingt langues c’est, en un sens, l’abolition de vingt rivalités. Le point de vue international d’où observent ces hommes devient plus net et plus clair. Le commerce international en est mieux défini. Désormais il y a une grande voix qui peut se faire entendre à travers le monde et dont on suit les indications parce qu’elles s’autorisent de documents. Les voyageurs de commerce remontent dans la hiérarchie sociale à la place qui leur est due. Alors que tant de philosophes en chambre s’arrogent toute la direction des affaires publiques, les vaillants hommes de l’action partagent avec ces adeptes de la connaissance pure, et au milieu des nations qu’on tourne vers la guerre s’ouvre une hanse internationale où les peuples se trouvent unis dans une mutuelle protection.

Du coup, les espérantistes qui oubliaient la langue du docteur Zamenhof se trouvent dans le besoin de s’en servir. Commerçants, ils reçoivent la visite de voyageurs plus nombreux, originaires de pays moins connus ; ingénieurs, chimistes, physiciens, ils s’entretiennent longuement avec ces voyageurs sur les applications de-