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mon affirmation naïve à beaucoup de points de vue. Allons, cela fait bien augurer des affirmations que je vous réserve. Cependant on ne voit pas encore, malgré ces adhésions innombrables de représentants du commerce et de l’industrie, les peuples unis dans l’intérêt supérieur de la fraternité humaine.

Chez les modernes, surtout chez les néo-latins, le commerçant et l’industriel sont loin de siéger au premier rang de la hiérarchie sociale. Un littérateur, un journaliste, un homme de cabinet, oui, parlez-moi de ça. Gœthe a eu beau écrire Faust, ce n’est pas le Faust de la dernière scène du dernier acte, mais le Faust de la première scène du premier acte que l’on choisit encore pour modèle. On s’obstine à placer l’homme de la connaissance pure au-dessus de l’homme de l’action. Et pourtant ! Mais, est-ce que ce défaut ne viendrait pas de notre éducation classique plutôt que de notre nature ? Intimement nous sentons bien qu’il y a une chose de supérieure à la connaissance spéculative, à savoir l’action intelligente, c’est-à-dire la connaissance se réalisant dans la matière sous forme de création, et nous le sentons si bien, que nous avons fait de la connaissance l’attribut de l’homme et de la création l’attribut de Dieu.

Voilà certes de belles phrases à propos des voyageurs de commerce. Il y a, me direz-vous, de quoi les étonner eux-mêmes. Quel rapport verront-ils entre vos paroles et leurs actes ? Quel rapport y a-t-il entre vos paroles, leurs actes et le rapprochement des peuples ?

Cette action créatrice dont je viens de parler c’est l’action des industriels guidée par la science. J’ai d’autant plus le droit d’exalter sous le beau nom de création le labeur industriel qu’il est le fait capital, le fait directeur de l’évolution des peuples. S’ils ont une tendance à se rapprocher, c’est que le labeur industriel exige le