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correspondants n’ont pas en général de difficultés à se faire traduire les lettres qu’ils échangent. Ainsi donc les espérantistes actuels ne forment qu’une petite partie du public auquel s’adresse la langue du docteur Zamenhof.


Tâche qui reste à accomplir.

À quels hommes s’adresse surtout l’Esperanto ? Tout le monde se trouve plus ou moins dans le cas des espérantistes actuels ; chacun peut vis-à-vis de l’étranger se tirer d’affaire, dans bien des cas, avec sa propre langue. Faut-il en déduire plaisamment que l’Esperanto ne s’adresse à personne ? Empressons-nous d’ajouter qu’il s’agit de l’Esperanto sous sa forme écrite. Voyons à présent à qui il s’adresse sous sa forme parlée.

S’il existait des gens obligés de parcourir sans cesse d’autres pays que le leur, obligés de se faire comprendre non par écrit mais de vive voix, obligés par leur ignorance de certains idiomes de restreindre leur champ d’action, dès lors l’Esperanto parlé s’adresserait à eux et aux gens susceptibles d’entrer en relations avec eux. C’est cette catégorie d’individus que postule l’Esperanto oral.

Or cette catégorie existe : c’est la grande armée des voyageurs de commerce internationaux. Dans cette armée nous n’avons guère de samideanoj parce qu’elle n’est pas sédentaire ; néanmoins ce sont ces hommes dont nous devons entreprendre la conquête, car c’est d’abord pour eux que l’Esperanto est fait, et c’est par eux devenus espérantistes que les espérantistes actuels utiliseront la nouvelle langue. Elle n’aura de valeur que si elle est une langue parlée, et elle ne peut le devenir sans les voyageurs de commerce internationaux. Vous trouverez