Page:Roy - Le cadet de la Vérendrye, 1897.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
BROSSARD ENCORE EN SCÈNE

Au firmament pas une étoile ne brillait ; mais la neige permettait, grâce à sa blancheur éclatante, de relever çà et là, à leur silhouette sombre, les arbres autour d’eux.

Ils se mirent à l’œuvre et abattirent plusieurs jeunes pins. Cela fait, ils retournèrent auprès du Renard lequel rapporta que rien d’insolite n’était survenu durant leur absence.

Tandis que l’un d’eux montait la garde, les autres reposaient. Et ce, à tour de rôle, jusqu’au matin.

Le déjeuner fut frugal, comme on ne pouvait prévoir la durée de leur séjour en ce lieu, il devenait impérieux de ménager les vivres apportés du fort.

Après le repas, Pierre retourna à la seconde caverne qu’il avait baptisée en riant : « la chambre du trésor. » Cette fois le Renard le suivait, l’Écureuil restait en faction.

Le soir les deux hommes rentrèrent dans la première grotte, très fatigués, ayant travaillé durement tout le jour.

— Demain, j’aurai fini, dit Pierre à ses compagnons, et si le sort nous est favorable, nous montrerons les talons aux gaillards qui en veulent à notre peau.

Les meilleurs calculs sont parfois déjoués.

M. de Noyelles croyait finir son ouvrage au milieu du jour, comme il l’exprimait la veille, mais ce ne fut que très tard l’après-midi qu’il considéra enfin comme terminé ce qui l’avait tant occupé.

Au souper, lorsque les trois hommes étaient réunis, un coup de feu tiré entre les roches qui bouchaient l’entrée de la caverne, les fit sursauter. Ils étaient heureusement hors d’atteinte, mais ils eurent encore là un signe manifeste des intentions que nourrissaient à leur égard ceux qui les assiégeaient !

Le lendemain, les effets apportés sur les traîneaux furent portés à la chambre du trésor.

Quoique M. de Noyelles fût prêt à partir, il ne jugea pas le moment favorable et crut devoir attendre encore.

— Mais il faudra partir demain, se disait-il en reprenant le chemin de la grotte dont l’entrée regardait les Jumelles. Nos provisions de bouche sont épuisées ; à peine avons-nous de quoi nous mettre sous la dent pour deux autres repas. Et puis, nos amis de LaJonquière, vont s’inquiéter de notre longue absence !… Oui… il faudrait partir demain !…

Les deux Yhatchéilinis et leur maître prenaient leur repas dans le couloir qui dominait la grotte ne voulant plus s’exposer au danger du soir précédent.

Tout à coup, le Renard renifla fortement et, s’approchant de Pierre :

— Chef blanc, le Renard vient de constater une nouvelle tentative du dehors pour nous faire périr. Ils veulent nous enfumer, ne sens-tu pas la fumée qui s’infiltre à travers les roches amoncelées à la porte de notre retraite ?

C’était vrai, et, devant la fumée qui se faisait plus épaisse et plus acre, nos trois amis durent fuir. Mais le boyau qui reliait les deux