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VENGEANCE DE PEAU-ROUGE

Français, parce qu’ils ne l’avaient pas choisi, lui, le fils du grand chef mais avaient pris le Renard et l’Écureuil.

Il réunit ceux de sa bourgade qui comme lui jalousaient la bonne fortune de leurs deux camarades ; ensemble, ils tramèrent un complot pour s’emparer du fort, et massacrer sa garnison.

C’était le neuvième jour du départ de Joseph et de Pierre, et le lendemain soir, au moment où la nuit serait plus noire, Œil-de-Faucon et ses amis, au nombre d’une douzaine, avaient décidé d’escalader le fort et de s’en rendre maîtres.

La nature semblait vouloir les aider. Le soleil avait à peine brillé le matin ; d’épais nuages l’avaient dérobé aux regards des humains de ce coin du globe terrestre ; et les aquilons mis en liberté par le dieu Éole, sifflaient durement dans les airs.

Dans l’après-midi, Œil-de-Faucon avec ses compagnons s’en allèrent dans un bois distant d’un demi-mille de leur village et y choisirent deux longs pins qu’ils dépouillèrent en partie de leurs branches ; celles qui demeurèrent furent coupées à deux pieds du tronc pour former des échelons.

Pour mieux faire comprendre à ses amis comment ils opéreraient leur envahissement, le fils au Corbeau appuya les deux pins sur l’une des branches basses d’un gros arbre, puis il monta lestement dans cette nouvelle échelle.

Les jeunes Yhatchéilinis approuvèrent avec joie l’idée de leur chef.

Par ce moyen, il devait être aussi facile de s’emparer du fort que de grimper dans un arbre pour y cueillir des noix.

Pour se les rendre favorables et les déterminer à le suivre, Œil-de-Faucon leur avait fait entrevoir un butin magnifique pour récompense de leur aide.

Il ne comptait pas sur un échec, car les blancs, sans chefs, seraient surpris et ne pourraient opposer qu’une faible résistance.

L’attaque ou l’envahissement du fort devait s’effectuer au milieu de la nuit, moment propice aux noirs projets de tout être cherchant le mal.

Pendant ce temps-là, où étaient MM. de Noyelles et de la Vérendrye ?

À quoi s’occupaient-ils ?

Ne pensaient-ils pas au retour, après dix jours d’absence du poste de la Jonquière ?

Ou bien, leur était-il arrivé quelque malheur, quelque accident ?


XII

LA PÉPITE D’OR


Les deux gentilshommes et les deux fiers Yhatchéilinis, après avoir laissé le fort, ne firent qu’une courte halte vers le milieu du premier jour, pour manger. Leur course fut rude, mais ils arrivèrent le soir à la montagne la Pipe.