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de ce service. Mais après les labours et les semailles, il y a un arrêt dans les travaux ; les ouvriers n’ont aucune raison de rester sur le domaine et au printemps il faudra s’inquiéter d’en trouver d’autres ; si d’ailleurs on a pendant l’hiver quelques travaux imprévus à faire exécuter, on manquera totalement de main-d’œuvre, car il ne faut pas oublier que la Campagne romaine ne possède pas de population stable. On a paré très heureusement à ces inconvénients par le colonage : on donne à chaque ouvrier qui le demande une certaine étendue de terrain qu’il défriche et qu’il sème en maïs, puis en blé. Il a généralement la jouissance du même lot pendant trois ans. Cela lui permet de faire venir sa famille, qui fait ces cultures pendant que lui-même est employé par le fattore. Après les semailles du blé, pendant l’hiver, il s’occupe à défricher le sol pour le maïs qu’on sème en avril. Sur le domaine de Pantano, par exemple, nous trouvons 103 hectares de blé et 47 hectares d’avoine cultivés en régie, tandis que 53 hectares de blé et 208 hectares d’avoine sont donnés en colonage pour le tiers du produit et 107 hectares de blé et 62 hectares de maïs pour la moitié de la récolte. La différence des taux de redevance est due à la différence de fertilité des terrains. Il y a là 54 familles formant un village de près de 500 personnes qui cultivent les céréales en colonage et qui fournissent aussi des journaliers au fermier. À la Cervelletta toute la culture du froment est faite à moitié fruit par cinq familles de colons qui travaillent chacune 10 hectares. Le fermier trouve à ce système