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il est presque impossible que le bétail soit à cheptel[1]. Il arrive, en effet, que les colonats sont partagés entre les enfants à la mort du père et se réduisent ainsi à 1 ou 2 hectares, ce qui est insuffisant pour l’entretien d’une famille puisqu’on estime qu’il faut 1 hectare par personne en âge de travailler ; le colon cherche alors d’autres terres et cultive ainsi des parcelles appartenant à des propriétaires différents.

Ici, comme à Cervara, nous constatons que l’accroissement de la population fait reculer l’art pastoral. La commune de Monte San Giovanni possède des terrains qui étaient jadis en pâturage ; elle les a progressivement concédés a miglioria et une sorte de propriété privée, du moins quant à l’usage, a ainsi pris la place de la propriété collective, tant il est vrai que celle-ci n’est guère compatible avec la culture intensive, même chez les peuples les plus communautaires. Il reste cependant des pâturages communaux, dont les habitants jouissent moyennant redevance et qui ne peuvent pas être mis en culture, car ils sont grevés d’un droit d’usage au profit d’une commune voisine. C’est là un de ces dédoublements et de ces enchevêtrements des droits de propriété que nous étudierons plus longuement à propos des « usi civici ».

  1. Il y aurait bien des observations à faire au sujet du contrat a miglioria qui est certainement favorable à la mise en valeur du sol et à la stabilité de la famille paysanne, mais qui tient le propriétaire à l’écart de la direction des améliorations et qui semble moins avantageux pour le colon que le métayage ou l’emphytéose.