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taine de garçons : les petites filles sont confiées à une institutrice. Il me dit qu’il s’inquiète peu des programmes et des horaires officiels, mais qu’il cherche à adapter son enseignement à la vie et aux besoins des paysans : lorsqu’il pleut, il prolonge les heures de classes ; si le temps est beau, il les abrège ; en été, il fait l’école de 6 heures à 8 heures du matin, car les parents ont besoin des enfants pour garder les porcs et les chèvres, et dans un pays où l’assiduité scolaire n’est qu’un mot inscrit dans la loi, il faut s’ingénier pour instruire les enfants. L’instituteur de Canterano qui me semble avoir une culture supérieure à celle de ses semblables, joue bien ici le rôle d’autorité sociale. Sa situation de famille renforce sa qualité d’instituteur et il exerce une certaine influence sur les paysans auxquels il est dévoué : il a organisé pour eux des prêts de livres et un dépôt de journaux.

Ce qui distingue Canterano de Cervara et de Jenne, c’est qu’il n’y a pas de pâturages et que les cultures arborescentes y sont au contraire assez développées. Dans le fond de la vallée, on cultive le maïs chaque année sur le même sol et les champs sont complantés de vignes. Un peu plus haut, on trouve des oliviers entre lesquels on sème du maïs, puis du froment et ensuite des légumineuses. Tous les travaux se font à la main ; on travaille la terre au moyen d’une lourde pioche (zappone) ; la bêche ne s’emploie que dans les terrains fertiles. Quant à la charrue, elle est pour ainsi dire inconnue. En fait d’animaux on ne trouve que quelques vaches, des moutons et