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leurs biens s’affranchir et former une enclave indépendante. 11 semble bien que la réforme introduite par le code civil soit discutable si on considère l’intérêt du paysan qui, par Femphyléose, est assuré de profiter de son travail et des améliorations qu’il fait, et jouit pratiquement de tous les droits du propriétaire sans avoir à débourser de capital d’achat. On trouve à Jenne quelques habitants aisés qui se sont enrichis dans le commerce du bétail, des peaux ou des laines. La commune possède des biens estimés 800 000 francs ; ce sont des bois très étendus et des terrains à pâturage qui sont cultivés une année sur deux, moyennant une redevance égale au quart du produit ; c’est un fermier général qui touche ces redevances et paie une somme fixe à la commune.

La culture des terrains à pâturage est évidemment due à l’accroissement de la population qui. en 1871, comptait 1 067 habitants répartis en 323 feux et qui, en 1908, en comptait 2 147 en 460 familles. Il en résulte un morcellement croissant de la propriété, car le partage égal est ici la règle. Les filles sont ordinairement réduites à leur dot s’il y a un contrat de mariage en ce sens, sinon elles viennent aussi à succession. Le testament est d’un usage courant ; les époux se donnent réciproquement l’usufruit de leurs biens ; le partage n’a donc lieu qu’à la mort du survivant et le fils qui a pris soin des vieux parents reçoit généralement un avantage. Il y a quelques exemples d’indivision entre frères parmi les pasteurs.

L’émigration est une nécessité pour les habitants de Jenne qui ne trouveraient pas sur le