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aucune. Il est impossible de trouver un gîte dans les villages du pays ; tout au plus, dans de misérables cabarets, peut-on avoir des œufs, du pain et du fromage : fort heureusement les personnes à qui nous étions adressé ont bien voulu nous accueillir avec la plus cordiale hospitalité. Même à Subiaco, petite ville d’une dizaine de raille âmes, la principale auberge est des plus médiocres ; pourtant le pays, très pittoresque, est visité par des touristes attirés par les célèbres couvents fondés par saint Benoit qui s’était retiré dans une gorge sauvage tout proche de Subiaco. La ville s’étage sur un rocher escarpé aux flancs duquel s’accrochent les maisons serrées les unes contre les autres : il n’y a qu’une seule rue où puissent passer les voitures, les autres sont des escaliers ou des montées rapides et glissantes où circulent à grand’peine des ânes et où le piéton lui-même doit prendre quelque précaution s’il ne veut pas s’allonger sur le pavé. Nous sommes ici dans une région où presque tous les transports se font encore par animaux de bât. Le chemin de fer s’arrête à Subiaco et la route suit la vallée ; en dehors de là il n’y a que des sentiers étroits et montueux. C’est un de ces sentiers que nous prenons pour nous rendre à Cervara. Ce sentier suit d’ailleurs l’itinéraire le plus fantastique ; il prend plaisir à gravir les crêtes les plus escarpées et à plonger tout à coup au fond des ravins ; tour à tour on patauge dans une boue fangeuse et bientôt après on se meurtrit les pieds contre les pierres. En quittant la ville, nous traversons des champs plantés de vignes et d’arbres fruitiers au milieu