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et de faire récolter l’herbe avant la Saint-Jean ; à partir de cette date, le terrain doit être rendu au libre parcours des pasteurs. Ceux-ci afferment le pâturage pour une année, sur une étendue déterminée, au mercante di campagna, qui n’a qu’à encaisser le prix convenu. Le fermier ne s’occupe pas non plus directement de la culture ; il traite avec un sous-entrepreneur qui doit lui fournir la main-d’œuvre constituée par des journaliers employés et payés à la journée et par des colons qui reçoivent une certaine étendue de terres à semer en céréales contre redevance du tiers ou de la moitié du produit. Les travaux de culture s’exécutent sous la direction d’un préposé du patron, le fattore[1], tandis que le capoccia est chargé des bœufs de labour. Lorsqu’il y a des animaux d’élevage, ceux-ci sont confiés à un employé spécial relevant, comme les autres, directement du patron ou de son représentant. On voit que la direction technique est ici réduite à son minimum : les méthodes sont traditionnelles et primitives, et chaque branche de l’exploitation est autonome. Il importe beaucoup plus au fermier de bien se faire payer ses sous-locations et de bien vendre ses produits que d’augmenter et d’améliorer sa production : le nom de mercante di campagna est donc bien trouvé.

Il faut d’ailleurs noter que ce type de grand fermier général a aujourd’hui à peu près disparu

  1. Ce fattore n’est guère qu’un contremaître, à la différence du fattore toscan qui est un vrai régisseur dont l’autorité s’étend sur toute l’exploitation du domaine.