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malgré la chaleur de l’été, la sécheresse ne se fait pas sentir avant le mois de juillet et dès la fin de septembre l’herbe commence à reverdir. Comme, d’autre part, la température est très douce et que les fortes gelées sont rares, la végétation, quoique ralentie, n’est pas arrêtée pendant l’hiver. Ce sont là des conditions très favorables au pâturage.

Malheureusement l’abondance des eaux est aussi une cause d’insalubrité, car elles s’accumulent et séjournent dans les fonds et les dépressions d’où elles ne peuvent pas s’écouler naturellement, faute d’une pente générale dans le relief du sol. Elles forment donc des flaques et des mares qui, en été et en automne surtout, sont des foyers de malaria. Cette insalubrité est un obstacle au peuplement et par suite à la culture.

Bien qu’il existe des forêts très étendues sur le littoral et que les plantes les plus variées, depuis les céréales jusqu’à la vigne et l’olivier, puissent réussir dans la Campagne romaine, celle-ci, dans son état actuel, peut être considérée comme une steppe, steppe longtemps intransformable à cause de la malaria, mais qui aujourd’hui, grâce au progrès de la médecine, peut être transformée.

L’intransformabilité du lieu a été la cause première de la crise agraire dans la Campagne de Rome : une grande ville se trouve entourée d’une banlieue incapable de subvenir à ses besoins ; un vaste territoire reste impropre à la culture et au peuplement au pied de montagnes surpeuplées dont les habitants n’ont chez eux que des moyens d’existence insuffisants et doivent passer les mers