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la Campagne romaine doit-elle rationnellement rester en pâturage gazonné sous peine d’être réduite à l’état de roche stérile. Le gazon ne suffit même pas à retenir la terre sur les pentes trop rapides des collines et des ravins ; le sol désagrégé par le pied des animaux est entraîné à la première pluie ; dans ces cas-là on préconise le reboisement.

La connaissance de la nature des terrains nous permet déjà de supposer que la Campagne romaine est favorable au pâturage ; le régime des eaux et le climat viennent encore renforcer cette aptitude à la production de l’herbe. Il n’y a qu’un seul grand fleuve, le Tibre et son affluent l’Anio, l’un et l’autre sujets à des crues fortes et rapides. Ce sont les limons déposés par eux qui rendent leurs vallées si fertiles ; ce sont aussi les détritus charriés par eux et déposés par le Tibre à son embouchure qui ont provoqué la formation des étangs littoraux de Maccarese et d’Ostie. Mais il y a dans l’Agro romano un nombre infini de petits cours d’eau qui s’enflent démesurément à l’époque des pluies et qui ont cette particularité de n’être jamais à sec. Enfin, partout on trouve des sources, des puits, des suintements d’eau. Le terrain très poreux de sa nature forme éponge et absorbe une grande quantité d’eau pendant la saison pluvieuse. On attribue d’ailleurs la richesse en eaux de la Campagne romaine à des infiltrations provenant des lacs de Braccianoet d’Albano qui sont situés à une altitude assez élevée. Cette humidité est aussi entretenue par des pluies abondantes et fréquentes en automne, en hiver et au printemps ;