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particuliers se montrent moins capables, mais elle ne saurait suppléer à l’incapacité de la population ouvrière et le patronage de l’État ne peut pas remplacer le patronage des particuliers. La preuve en est que. dans aucun des domaines transformés que nous avons visités, les plans de bonification n’ont été suivis et exécutés intégralement. Si l’agriculteur est capable, le plan est inutile et le patronage de l’État superflu ; s’il est incapable et insouciant, les améliorations prescrites ne sont pas réalisées et le patronage de l’État apparaît insuffisant et inefficace.

Par contre, l’action des pouvoirs publics porte tous ses effets lorsqu’elle s’exerce dans le domaine des services publics : dans un pays assaini, pourvu de moyens de communication, protégé contre les épidémies, les efforts des particuliers peuvent se développer avec le maximum d’intensité et d’efficacité. C’est dans cette voie que s’est engagé aujourd’hui l’État italien et les résultats déjà obtenus ne peuvent que l’encourager à y persévérer. Chacun des organes du corps social a sa fonction propre à remplir et ils ne peuvent pas se suppléer l’un l’autre : ad libitum. Notons que l’intervention de l’État s’est faite plus discrète précisément depuis l’apparition de patrons étrangers de formation sociale supérieure attirés dans la Campagne de Rome par les bénéfices plus considérables qu’offre toujours l’exploitation d’un pays neuf.

Sous la direction de ces patrons d’un type nouveau la population ouvrière paraît bien capable de s’adapter peu à peu à la culture intensive, du moins dans l’Agro romano, car la preuve n’en est