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que le fermier romain cherche le mode d’exploitation qui exige le moins de surveillance de sa part, ils recherchent, au contraire, le mode d’exploitation qui donne le plus de bénéfices ; peu importe si l’œil du maître est nécessaire : ils sont là pour veiller à tout.

Il est quelquefois impossible au fermier de résider sur sa ferme faute de maison. C’est le cas du domaine de la Sega, situé dans les Marais Pontins, à 13 kilomètres au Nord de Terracine. C’est une propriété de 350 hectares appartenant à la commune. Un Piémontais, M. Carlo Rossi, ayant fréquenté l’école d’agriculture de Pérouse, entreprit un voyage d’études dans la région romaine et eut l’idée d’y prendre une ferme. L’occasion qui s’offrait ici lui parut bonne ou du moins susceptible de le devenir : il signa un bail de douze ans. Les dépenses d’amélioration doivent être approuvées par la commune, ce qui nécessite des négociations et une certaine diplomatie, mais elles seront remboursées en fin de bail. Lorsque M. Rossi entra en jouissance, en novembre 1907, il trouva pour tout bâtiment une mauvaise hutte de branchages ; force lui fut donc de se loger à Terracine, mais cela encore est un problème assez compliqué, car les appartements sont rares et peu confortables : en mars 1909, il était encore campé mais non installé[1]. Il va tous

  1. Le médecin communal, piémontais lui aussi, est depuis six ans logé provisoirement à l’hôtel avec sa famille : il a dû aménager à ses frais une cuisine et des water-closets. On voit les difficultés tout à fait inattendues qu’on rencontre dans ces pays de vie ralentie. Sur la place de Terracine se dresse une grande mai-