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vriers lombards. Ils estiment que les gens du pays travaillent suffisamment bien et sont peut-être plus souples et plus respectueux. Une soixantaine de salariés permanents sont logés dans des maisons et reçoivent un jardin s’ils le désirent. Ils le désirent rarement et faiblement : les jardins que je vois sont incultes et mal tenus : insouciance de la race. À proximité de la ferme on trouve un village de 54 cabanes où vivent environ 500 personnes. Ce sont des émigrants qui descendent de la montagne en octobre et y remontent après la moisson. Ils cultivent des céréales en colonage et travaillent aussi comme journaliers. Il sont embrigadés par des caporaux. Les Gibelli ont voulu supprimer ceux-ci. mais ont dû y revenir, car il ne trouvaient plus d’ouvriers. Une ferme de l’importance de Pantano, isolée moins encore par les distances que par l’absence ou le mauvais état des chemins, doit se suffire à elle-même : aussi y trouvons-nous un forgeron, un charron, un sellier, etc. La population du domaine se procure des denrées alimentaires à la dispensa qui est exploitée en régie par les fermiers pour éviter les abus ; mais, au dire des ouvriers, on ne serait pas encore parvenu à les extirper complètement.

Lorsque les Gibelli sont venus s’installer avec leur famille sur la ferme de Pantano, ils ont passé pour fous aux yeux des gens du voisinage. On leur prédisait l’ennui certain et la mort probable à brève échéance. Or, depuis six ans qu’ils sont là, ils n’ont jamais été malades de la fièvre. Il est vrai que Pantano, jadis un des en-