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dans les conditions actuelles de l’Agro romano, présente donc des caractères un peu particuliers. Quelle que soit la nature juridique du contrat, la force des choses impose une sorte de collaboration entre les propriétaires et les fermiers. Le contrat de fermage en lui-même n’est pas adapté à une transformation du sol aussi radicale que celle qui doit s’opérer dans la Campagne romaine. C’est l’incompétence seule des propriétaires qui les oblige à y avoir recours, mais les règles habituelles du fermage, bien adaptées aux pays d’agriculture ancienne et perfectionnée, ne trouvent plus ici leur application stricte et doivent se modifier suivant les conditions locales.

Les frères Gibelli sont arrivés à Pantano en 1903. Dès le début, ils ont entrepris l’assainissement du domaine au moyen de fossés et de drainages. Le lac de Gabiesqui comprend 80 hectares a été mis en culture en deux ans : les fossés sont bordés de saules taillés en têtards qui poussent avec une remarquable vigueur. Jusqu’à présent, la rotation adoptée est la suivante : maïs, froment, avoine, puis prairie artificielle. Il y a environ 250 hectares de blé, autant d’avoine et une soixantaine d’hectares de maïs. Les céréales sont cultivées partie en régie, partie en colonage au tiers ou à la moitié, suivant la fertilité du sol. Le lac Régille est déjà partiellement drainé : ici, comme à Bocca di Leone, on rencontre des sources verticales qui compliquent l’opération, mais le terrain est frais et l’abondance des eaux permettra d’organiser l’irrigation sur une partie du domaine. Le bétail est donc appelé à jouer un rôle impor-