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romano, mais ne possèdent pas l’expérience et la pratique de chaque domaine en particulier. Qui la possède d’ailleurs ? Assurément pas les propriétaires, et pas davantage les mercanti di campagna. Il faut rendre cette justice à la commission de vigilance, qu’elle est assez libérale dans l’exécution et qu’elle ne tracasse pas les propriétaires qui bonifient réellement et intelligemment. En pareille matière, la fin justifie les moyens.

À quelque distance de Boccaleone se trouve le domaine de la Cervelletta. Ici, nous rencontrons non pas la contrainte et l’intervention des pouvoirs publics, mais une initiative lombarde comprise, encouragée et soutenue par un propriétaire romain. Un agriculteur de Melegnano, M. Monti, trouvant qu’en Lombardie les prix de ferme étaient trop élevés et entendant parler de la bonification de l’Agro romano, fit un jour le voyage de Rome, visita la campagne et en particulier le domaine de la Cervelletta qui était à louer. Il pensa qu’il y avait là quelque chose à faire et proposa au propriétaire, le duc Salviati, de le lui affermer à condition d’y faire, à frais communs, 12 hectares de bonification. Le résultat ayant été satisfaisant, le propriétaire accepta d’étendre les améliorations à toute la superficie transformable, c’est-à-dire à environ la moitié du domaine qui compte 315 hectares. Les travaux de bonification proprement dite ont été terminés en 1908. À l’époque où les fermiers se sont installés il n’avait pas encore été établi de plan de bonification pour la Cervelletta ; aussi n’ont-ils eu à subir aucune influence administrative : leur exploita-