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blé d’Égypte prirent un jour la route de Byzance bientôt suivis des principales familles de l’aristocratie, mais les latifundia ne furent pas morcelés. Les Barbares vinrent qui ravagèrent le pays, incendièrent les villas, détruisirent les aqueducs ; après leur passage, le latifundium régnait comme jadis sans partage sur la Campagne romaine.

Et pourtant ce fut une époque critique pour Rome qui, privée des contributions des provinces de l’empire, ne recevait pas encore les offrandes et les aumônes qui bientôt allaient affluer vers la capitale de la chrétienté et permettre à ses habitants de reprendre leurs habitudes de vie oisive et insouciante comme au temps des Césars.

Il y eut là quelques siècles assez durs à passer, si durs même qu’on fut parfois contraint de prendre la charrue et la pioche. Du VIe au VIIIe siècle, on signale quelques essais de culture. Les papes Zacharie et Hadrien, qui vivaient vers 750, fondèrent même dans la campagne trois ou quatre villages de cultivateurs appelés domuscultuæ. Ces villages disparurent bien vite et, aujourd’hui, c’est à peine si on en peut indiquer l’emplacement.

Au cours des siècles, les papes multiplièrent les tentatives pour favoriser le peuplement de la Campagne romaine et y développer l’agriculture. Ce fut toujours en vain et, actuellement, cette région est certainement moins peuplée et moins cultivée qu’il y a deux mille ans.

Les circonstances politiques ont bien pu, en effet, amener la formation des latifundia, mais grâce seulement aux conditions favorables du