Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La quinine a toujours été le grand remède contre les fièvres périodiques : avant 1903, la consommation moyenne de l'Italie était d’environ 15 000 kilogrammes par an. Pour beaucoup de pharmaciens, la vente de la quinine était une source de fortune, mais le prix assez élevé du médicament n’en permettait pas l'usage à ceux qui en avaient le plus besoin, les ouvriers et les paysans. Ceux-ci avaient d’ailleurs souvent contre la quinine une prévention accrue par la crainte de la dépense. Il fallait donc arriver à mettre la quinine à la portée de tous. Pour cela, M. Celli et ses amis tirent voter la loi du 13 décembre 1900, qui autorise L’État à faire préparer et à vendre au public, par l’intermédiaire des pharmaciens et des débitants de tabac, la quinine à un prix très réduit[1]. Les bénéfices de la vente

  1. La quinine est préparée par la pharmacie militaire centrale de Turin. Il est alloue aux pharmaciens 15 pour 100 sur le prix de vente, mais les énormes bénéfices qu’ils réalisaient autrefois ainsi que les fabricants ont disparu ; aussi les attaques contre la loi de 1900 et ses auteurs ne cessent-elles pas. Pour déjouer les oppositions intéressées, les promoteurs de la loi la préparèrent en secret de concert avec le ministre, la présentèrent à la Chambre sans avoir l’air d’y attacher d’importance et la firent voter sans bruit au milieu de l’indifférence générale. Les pharmaciens et les industriels ne connurent la loi que lorsqu’elle était déjà votée par la Chambre. Ils cherchent aussitôt à en empêcher le vote par le Sénat, mais celui-ci n’étant pas électif est moins accessible aux influences particulières et la loi fut approuvée et promulguée. Remarquons d’ailleurs que cette loi n’établit aucun monopole et que la préparation et la vente de la quinine restent libres comme auparavant. On ne peut même pas dire que la concurrence de l’État soit monopolisatrice puisque la vente de 24 351 kilogrammes de quinine en 1908 à laissé au Trésor un bénéfice net de 700 000 francs. L’industrie privée n’a donc pas été tuée, et, en fait, elle produit à peu près autant de quinine qu’auparavant, mais le prix de vente en est plus modéré. L’État vend 40 centimes les dix cachets de 20 centigrammes d’hydrochlorate et de bichlorhydrate, et 32 centimes ceux de sulfate et de bisulfate.