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l’administration, en augmente les frais généraux et n’assure pas forcément un revenu net supérieur. En outre, l’organisation de l’atelier et du personnel sur le latifundium donne le minimum de soucis au fermier qui, au contraire, éprouve de grandes difficultés à recruter un personnel capable pour la culture soignée car l’ouvrier agricole de la province de Rome a encore à faire toute son éducation professionnelle.

Enfin il faut tenir compte des conditions du lieu qui sont très favorables au pâturage ; or, il semble qu’il n’y ait aucune raison d’abandonner le pâturage qui paie bien. Il convient d’ailleurs de remarquer que, si les progrès de la culture faisaient disparaître le pâturage transhumant, les populations montagnardes de l’Apennin seraient atteintes dans leur principal moyen d’existence[1]. Par-dessus tout il y a la malaria qui contribue à maintenir le latifundium et un mode d’exploitation permettant au travailleur d’abandonner la Campagne romaine à l’époque des fièvres. C’est bien là l’obstacle invincible qui dominait tous les autres et contre lequel se sont heurtées toutes les tentatives et toutes les contraintes gouvernementales. On voulait peupler la Campagne romaine, mais la malaria ne permettait de la peupler que de ca-

  1. Cependant il faut ici distinguer les régions où l’altitude ou le dirait maintiennent le pâturage naturel à l’exclusion de la culture, des régions où le pacage a lieu sur jachère comme dans les montagnes du Sublaquois ; dans ce dernier cas, la population peut trouver des ressources dans une culture plus intensive. D’autre part, le peuplement de l’Agro romano aurait pour résultat de décongestionner les régions montagneuses en offrant un débouché à l’émigration définitive.