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de bonification de concert avec eux. Ils ont cessé de commander pour conseiller et pour patronner ; c’était la voie à suivre en matière agricole, mais la nécessité de ce patronage des fonctionnaires prouve combien sont insuffisants les patrons naturels.

Un des reproches qu’on fait le plus généralement à la loi de 1903, c’est d’avoir laissé l’évaluation des indemnités d’expropriation à l’estimation des experts. On prétend, à tort ou à raison, que ceux-ci ont tendance à évaluer trop haut et qu’ainsi les expropriations seraient ruineuses pour l’État et avantageuses pour les propriétaires, de sorte que cette sanction reste, aujourd’hui comme hier, vaine et inefficace. On propose de fixer le prix des domaines expropriés d’une façon mathématique en se basant sur le revenu cadastral, mais il est probable que ce procédé aboutirait dans la pratique à des injustices criantes qui discréditeraient la loi et légitimeraient l’opposition que lui font certaines personnes.

Il ne faudrait pas croire, en effet, d’après ce que nous venons de dire des résultats de la loi de 1903, que la zone de bonification soit aujourd’hui transformée et mise en culture : ce serait là une erreur grossière. Quelques rares domaines sont déjà bonifiés, mais si presque parfont des travaux sont entrepris, il s’en faut qu’ils soient achevés ou môme poussés activement. C’est une tactique de certains propriétaires d’accepter les plans après des discussions plus ou moins longues et de commencer les travaux pour avoir la paix, mais avec l’arrière-pensée de les faire traîner en longueur et de les suspendre ensuite. C’est ce qui explique