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à tous les domaines restés tians le statu quo, c’est-à-dire à toute la zone. Il faudrait des sommes considérables pour cette opération, et la vente aux enchères publiques de 28 000 hectares ne manquerait pas d’amener un effondrement des prix qui causerait de grosses pertes à l’État et favoriserait sans doute les manœuvres de quelques spéculateurs. L’expropriation est donc une vaine menace qui n’a pas troublé les propriétaires, et si l’État n’en a fait qu’un usage si restreint, c’est qu’il en a reconnu l'inefficacité. D’autre part, il y a une arrière-pensée politique dans l’inaction du gouvernement. La plupart des biens de l’Agro romano appartenant à l'aristocratie noire restée fidèle au Vatican, le gouvernement italien qui prétend achever l’unité nationale dans les esprits et y rallier tous les Italiens, ne veut pas paraître traiter les propriétaires romains en ennemis en usant de rigueur envers eux. Or, une loi sur l’Agro romano a facilement l’apparence d’une loi personnelle en raison de la monopolisation du sol par quelques latifundistes.

On peut conclure sans exagération que les lois de 1878 et de 1883 n’ont atteint, au point de vue hydraulique et sanitaire, que des résultats partiels et qu’elles ont abouti, au point de vue économique et agricole, à un échec presque complet. Nous savons pourquoi la contrainte de l’État était condamnée à être inefficace, mais nous pouvons encore nous demander pourquoi les propriétaires n’ont pas répondu à l’invitation du gouvernement et à la pression de l’opinion publique.

La première raison est d’ordre financier. Les