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vente de la plus grande partie des biens ecclésiastiques de la province de Rome. Voici comment le député Celli apprécie les résultats de cette mesure : « La loi de 1873 sur la sécularisation des biens ecclésiastiques, votée avec un enthousiasme si bruyant et si plein de promesses, avait deux articles qui pouvaient avoir de bons effets : l'un établissait la vente des latifundia en petits lots ; l’autre permettait l'emphytéose de quelques biens avec un contrat d’améliorations agricoles. Mais les domaines vendus en petits lots furent, grâce à d’habiles intrigues, achetés à prix avantageux par des mercanti di campagna et par des propriétaires pour agrandir encore leurs trop vastes possessions. Les fermiers emphytéotiques n’exécutèrent qu’en partie ou pas du tout les travaux qui leur étaient étrangement imposés ; et ainsi, mutato nomine, les latifundia subsistèrent et furent même agrandis. Le revenu de la terre, que le propriétaire ecclésiastique employait en partie en aumônes et en œuvres de bienfaisance, servit à accroître le luxe de quelques familles, et le paysan a passé de la domination d’un patron débonnaire et collectif sous celle d’un spéculateur[1] » La suppression de la mainmorte ecclésiastique n’a donc amené aucun changement ni dans la forme de la propriété, ni dans le mode d’exploitation des terres, ni par suite dans la condition des ouvriers agricoles et des populations rurales.

Cependant la question de l’Agro romano avait

  1. Come vive il Campagnolo dell’Agro romano. Roma, 1900.