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habitants de Rome. L’État ne fait ici que sanctionner une loi sociale : à savoir que l’appropriation du sol est en rapport avec l’intensité du travail, et qu’elle n’a de raison d’être que la mise en production du sol. La société ne reconnaît et ne consacre la propriété privée, absolue et perpétuelle, que parce qu’elle y a intérêt pour favoriser l’exploitation intensive des richesses naturelles. Mais l’observation démontre que les populations à formation communautaire urbaine ont peu d’aptitude et de goût pour la culture, aussi ne sommes-nous pas étonnés de voir que le droit, reconnu d’abord aux habitants de Rome, a dû être étendu plus tard à tous les sujets de l’État pontifical et même aux étrangers (ce qui est tout à fait contraire aux coutumes qui régissent les usages publics), sans d’ailleurs qu’il ait été exercé d’une façon générale, du moins dans les derniers siècles. Actuellement, le droit de semailles est tombé depuis longtemps en désuétude, ce qui prouve qu’il est devenu inutile, et vouloir le restaurer en vertu d’une conception spéciale du droit de propriété serait méconnaître l’évolution économique, faire œuvre d’idéologue et entraver grandement les progrès agricoles et la mise en valeur de l’Agro romano.


Les lois de bonification du gouvernement italien[1]. — En 1873 fut décrétée la sécularisation et la

  1. Nous traduisons par bonification les synonymes italiens bonifica, bonificazione, bonificamento qui signifient assainissement, dessèchement, amélioration mais aussi l’ensemble des moyens employés pour la mise en culture d’un territoire inculte ou marécageux.