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le législateur est intervenu presque uniquement dans le but de mettre un terme aux troubles agraires et aux conflits entre paysans et latifundistes, dans la Campagne romaine, il a cherché depuis fort longtemps à développer la culture et à favoriser l’établissement d’une population fixe. À cet égard, le gouvernement italien n’a fait que continuer le gouvernement pontifical.

J’ai déjà signalé la fondation des domuscultuae, au viiie siècle, par les papes Zacharie et Hadrien ; des fondations semblables se continuèrent dans les siècles suivants[1]. Remarquons en passant que la domination temporelle des papes s’étendit sur la campagne bien avant d’être acceptée par la ville, car elle a pour origine la propriété foncière de l’Église constituée à partir de Constantin. C’est aux xiie et xiiie siècle, pendant les luttes des barons, et au xive siècle, pendant l’exil d’Avignon, que l’Agro romane se dépeupla définitivement au profit de Rome et des villages fortifiés des hauteurs environnantes : la culture fut alors complètement abandonnée et remplacée par le pâturage[2]. Il résulte d’un rescrit de Boniface IX, daté de 1402, que la transhumance était déjà organisée régulièrement entre les Abruzzes et la province de Rome. C’est donc à partir du xive siècle que la Campagne romaine a été réduite en l’état où elle se trouve actuellement ; depuis lors, la situation ne s’est guère modifiée.

  1. La nécessité de pareilles fondations est une preuve de l’état peu florissant de l’agriculture.
  2. Cf. Tomassetti, I centri abitati della Campagna romana nel Medioevo.