Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dernière est de 1908. Entre le consulat de Spurius Cassius et le ministère de M.  Giolitti, les lois agraires se sont succédé presque sans interruption aussi bien sous la République que sous l’Empire, sous le régime pontifical que sous le gouvernement actuel. Cette fécondité législative à propos de la propriété foncière est l’indice d’un malaise évident, puisque l’intervention des pouvoirs publics a été jugée fréquemment nécessaire pour régler l’usage du sol, et le grand nombre des lois prouve surabondamment qu’aucune d’elles n’a jusqu’ici mis un terme à ce malaise. Actuellement une commission travaille à en élaborer une nouvelle, qui sera la sixième ou la septième promulguée depuis vingt-cinq ans.

La crise agraire existe donc dans les environs de Rome depuis près de 2 500 ans. Elle ne se manifeste pas seulement par l’élaboration des lois. Les anciens Romains ont vu l’émeute gronder sur le Forum et la guerre civile éclater entre les partis : les Gracques en furent victimes. De nos jours, on lit fréquemment dans les journaux que les paysans d’un village ont envahi la propriété voisine et s’en sont partagé les terres pour les ensemencer ; si le propriétaire résiste et si la force publique intervient, le conflit devient facilement meurtrier.

Il y a donc encore actuellement dans la province de Rome une crise agraire. Quelles en sont les causes ? Quel en pourrait être le remède ? Telles sont les questions qui se posent tout naturellement et auxquelles nous voudrions essayer de répondre.