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tares affranchis, dont 16 000 ont été attribués en indemnité aux usagers auxquels ont été aussi assignés 170 800 francs de redevances, tandis que 41 900 francs sont à payer annuellement aux propriétaires pour les cas où l’affranchissement a eu lieu en faveur des usagers. Il resterait encore plus de 60 000 hectares à affranchir[1].

Il semblerait donc que le but de la loi d’affranchissement soit en passe d’être atteint, mais le ministre reconnaît lui-même que son application a multiplié les troubles agraires : « La loi pour l’affranchissement des servitudes publiques rencontre maintenant un milieu de lutte et de défiance réciproque, et son application, au lieu de s’effectuer avec cet esprit d’ordre et de respect pour les droits d’autrui nécessaire pour assurer les fins d’une loi quelconque, et spécialement de celles qui ont un caractère social, a servi au contraire à préparer le champ de bataille et, dans beaucoup de cas. à fournir des aimes pour d’âpres conflits qui ont souvent dégénéré en désordres et en actes de violence. » Il n’en pouvait être autrement, car le principe môme de la loi est une cause de trouble et de gêne pour les popula-

  1. On remarquera que l’étendue relative des terrains attribués aux usagers est proportionnellement plus élevée (16 800 hectares sur 106 900) que le nombre des attributions (37 sur 1977. V. suprà, p. 142). Cette différence s’explique par ce fait que quelques attributions ont eu pour objet des étendues considérables : Farnèse, 2 327 hectares ; Corneto Tarquinia, 3 457 hectares ; Morlupo, 1 080 hectares ; Manziana, 1 250 hectares. Ces grosses attributions ont porté presque exclusivement sur des pâturages ou des bois dont le propriétaire nominal était une personne morale ou un latifundiste.