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pâturage, travail de simple récolte, et à une culture rudimentaire qui n’exigent pas une appropriation permanente du sol. Des méthodes de travail dans lesquelles l’action de l’homme est peu de chose comparée à l’influence de la nature s’accommodent fort bien de la propriété collective : c’est d’ailleurs ce qui favorise l’existence et la conservation des communautés. La propriété s’organise donc en vue du travail ; mais cette adaptation n’est pas toujours parfaite ni instantanée surtout à notre époque d’évolution et de transformations rapides : les formes juridiques et les rapports sociaux peuvent être en retard sur les méthodes techniques. C’est de là que provient la crise agraire qui se manifeste d’autant plus intense que l’adaptation est plus lente ou plus difficile.

Or, les communautaires ne songent pas ou du moins ne réussissent pas à réaliser cette adaptation par l’initiative privée ; ils recourent à la communauté d’État dont les interventions sont forcément lentes et rigides. Il n’est donc pas surprenant que, chez les peuples appartenant à un type social aussi peu souple, l’adaptation soit malaisée et la crise agraire presque permanente.

C’est précisément pourquoi l’Italie offre à l’observateur un merveilleux champ d’étude puisque la crise y est endémique et y revêt des formes multiples. En Italie même, le territoire romain présente un intérêt particulier car la question agraire y apparaît à l’aube même de l’histoire.

La première loi agraire qui ait été promulguée à Rome date de l’an 486 avant Jésus-Christ ; la