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communautaires désorganisés, ou du moins fortement ébranlés, est incapable de se patronner elle-même ; elle a besoin d’un patronage d’autant plus efficace, et ce patronage lui fait défaut ; elle a besoin d’une forte éducation professionnelle par l’exemple de cultivateurs habiles, et cet exemple lui fait défaut ; incapable de s’organiser avec force et avec ordre, elle aurait besoin, pour ne pas tomber dans l’anarchie, d’une direction énergique et clairvoyante, et cette direction lui fait défaut. En un mot, la question agraire dans la province de Rome est une question de patronage rural.

En soi, le latifundium n’est pas un obstacle au patronage, l'exemple d’autres pays en fait foi. Mais, à Rome, il monopolise le sol et s'oppose ainsi à l’ascension des paysans et à la sélection progressive de patrons capables. Or, les latifundistes actuels sont des patrons ruraux foncièrement incapables ; ils doivent cette incapacité à leur origine, à leur éducation et à leurs habitudes de vie urbaine. Ce n’est donc pas d’eux qu’on peut attendre des initiatives hardies et des transformations fécondes. Le latifundium, en immobilisant tout le sol entre leurs mains, ne permet pas non plus à ces transformations de se réaliser par des initiatives étrangères. C’est le danger de tous les monopoles de supprimer la concurrence et d’amener l’immobilité et la léthargie. Un jour vient cependant où le désaccord apparaît trop choquant entre les procédés du monopole et les nécessités sociales : le monopole est alors balayé. Nous sommes à la veille de ce jour pour le lati-