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ture extensive réduite chaque année par le développement croissant du pâturage, se dresse une population chaque année plus nombreuse, mais toujours misérable, à laquelle font défaut et la propriété du sol et les occasions de travail ; pour vivre, elle réclame ces terres qui restent incultes. Dans le second cas, autour du latifundium à pâturage extensif, se presse la population montagnarde des confins qui déborde de ses misérables villages dont le territoire trop restreint et trop pauvre est incapable de la nourrir ; si elle n’envahit pas les terres du latifundium, c’est qu’il est trop loin de son village, de sa communauté primitive Et qu’elle n’a pas le sentiment d’avoir des droits sur ces terres, mais elle en a certainement besoin pour vivre. Dans l'une et l’autre région de la province de Rome, le problème se pose dans les mêmes termes : assurer des moyens d’existence abondants à une population nombreuse sur un sol jusqu’ici peu productif.

Il me semble que l’étude que nous venons de faire de l’organisation actuelle du travail et de la propriété dans la province de Rome nous permet de conclure que c’est bien le latifundium qui y est la cause principale de la crise agraire, j’entends le latifundium à exploitation extensive tel que nous l’avons décrit. Si, dans ce pays, la terre ne nourrit pas ses habitants, c’est parce qu’on n’y applique pas un travail énergique sous une direction intelligente et prévoyante ; c’est parce que ceux qui ont le monopole du sol se dérobent à leurs devoirs de patrons et n’en remplissent pas la fonction. La population ouvrière, composée de