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II. — La lutte pour la terre

Le conflit entre propriétaires et paysans. — L’état incertain du droit de propriété a forcément amené de tout temps des contestations entre les latifundistes et les usagers. Ces contestations se réglaient alors par la force ou par des transactions ; mais, en définitive, chacun s’accommodait d’un état de choses qui était en somme compatible avec le mode d’exploitation des terres. Le propriétaire jouissait du pâturage conjointement avec les usagers et plus largement qu’eux, car il possédait plus de bétail ; il trouvait encore assez de bois pour son usage après que les paysans en avaient pris pour le leur ; les redevances qu’on lui payait pour la culture des céréales étaient pour lui un revenu fixe et assuré. Le droit d’ensemencement qui est actuellement très discuté, est très rarement mentionné dans les anciens actes ; cela s’explique bien, car les paysans n’avaient pas besoin de réclamer ce droit et, par suite, le propriétaire ne songeait pas à le contester : le propriétaire, en effet, pour la culture de ses terres devait faire appel à la main-d’œuvre locale[1] et on comprend très bien que,pour simplifier son administration, il ait adopté le colonat partiaire ou le fermage en nature ; que, n’ayant aucune raison

  1. En 1725, le prince Ghigi intenta une action aux habitants de Formello pour les obliger à cultiver ses terres moyennant la redevance d’usage : il fut débouté de sa demande. Aujourd’hui, ce sont les habitants qui réclament le droit de cultiver les terres.