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d’usage des habitants fussent réservés. Les terres vendues étaient donc grevées d’une servitude dont les acquéreurs désiraient s’affranchir ; ce fut une source de difficultés. Il advint aussi que des communes, pour payer leurs dettes, vendirent leurs usi civici à des personnes autres que celles qui possédaient ou acquéraient les terres sur lesquelles ils s’exerçaient : nouvelles difficultés et complications inextricables.

On voit qu’il est presque impossible de démêler exactement les droits réciproques originaires des usagers et des propriétaires. Le législateur qui voudra résoudre la question des usages publics devra abandonner le terrain des principes pour s’en tenir aux solutions pratiques dérivant des situations de fait et variables suivant les cas : c’est ce qui fait la difficulté de son œuvre. La question des usi civici n’est pas simplement une question juridique qu’il soit possible de résoudre avec un texte législatif ; elle est dominée par les réalités économiques : c’est une question vitale pour les populations de la province de Rome et qui trouve son explication dans leur état social. Ici la formation communautaire originaire a été maintenue et favorisée par le mode de travail adapté aux conditions du lieu, c’est-à-dire par le pâturage et la culture extensive. Il en est résulté une appropriation imparfaite du sol, une incertitude dans le droit de propriété et un enchevêtrement des divers droits en présence. Les usages publics sont une forme atténuée de la propriété collective.