Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’ébranlent pour faire cesser leurs souffrances et améliorer leur sort. La crise agraire devient de l’autre côté des Alpes la préoccupation dominante des hommes d’État et du public. Ses répercussions dépassent même les frontières du royaume puisque c’est à elle qu’est due l’émigration qui peuple d’ouvriers italiens les chantiers de France, de Suisse, d’Allemagne et des États-Unis, et qui fonde dans la République Argentine comme une autre nation italienne.

La question agraire a sans doute, suivant les pays, des causes immédiates bien différentes, et bien diverses sont aussi les solutions apparentes qui peuvent y être apportées ; cependant on est en droit de soupçonner, sous ces aspects multiples, une cause générale et profonde.

Tout d’abord, on cherche, dans tous les pays, le remède à la crise agraire dans une modification du régime foncier ; on accuse la forme de propriété en vigueur de ne pas être adaptée aux conditions économiques et sociales du lieu et de l’époque. La crise agraire résulterait donc d’un défaut d’adaptation : retenons cela. Remarquons en outre que les peuples qui souffrent le plus profondément et le plus fréquemment de troubles agraires sont des peuples appartenant à des degrés divers, à la même formation sociale : la formation communautaire.

Au lieu de chercher à résoudre le problème de l’existence par l’énergie individuelle et l’initiative privée, ces populations s’appuient de préférence sur la collectivité, sur la communauté soit du travail, soit de la propriété, soit de la famille, soit