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fois au mauvais vouloir des propriétaires ou des fermiers qui leur refusent le local nécessaire ; les paysans doivent alors construire une cabane de roseaux qui sert de classe ; mais, même dans ce cas, le propriétaire qui est maître chez lui peut interdire la tenue de l’école : cela s’est vu et ne devrait soulever aucune protestation si le latifundium ne constituait pas un monopole foncier qui ainsi entrave la liberté d’autrui.

Les maîtres se plaignent aussi parfois d’être en butte à l’hostilité du clergé, et j’ai pu constater, en effet, que celui-ci a peu de sympathie pour ces écoles. Il serait téméraire de ma part de juger si ces plaintes sont fondées et si cette défiance est justifiée, mais il est assez surprenant que jusqu’ici le clergé n’ait presque rien fait pour l’instruction dans l’Agro romano. À Rome, vingt mille enfants fréquentent les écoles congréganistes ; il n’y a, dans toute la Campagne romaine, qu’une seule école de ce genre tenue par des religieuses, à Pratica di Mare[1] Cependant il est certain que beaucoup des grands latifundistes romains auraient plus de sympathie pour les écoles organisées par le clergé que pour d’autres.


Le culte. — L’insouciance du clergé romain à l’égard des écoles apparaîtra toute naturelle quand on saura de quelle façon est organisé le service du culte dans la Campagne romaine. On recon-

  1. On peut mentionner aussi l’école des Trois-Fontaines, fondée et entretenue par les Trappistes, mais dont les maîtresses sont laïques. Il y a aussi sept curés qui, faute de locaux, sont chargés par la commune de tenir l’école publique.