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qu’elle grandira parce qu’elle est de bonne race. Elle est fière et digne, et ce n’est pas elle qui voudrait ; se traîner dans la fange ou l’on voit éclore tant de romans et de vaudevilles français. Elle est profondément religieuse et sa voix n’insulte pas Dieu, ni la religion.

Je puis affirmer la chose sans restriction ; car les insulteurs de la religion dans notre pays sont rares, et comme la pluspart ne savent pas la grammaire, il ne peut pas être question d’eux quand je parle de littérature.

Ce qui distingue notre littérature, c’est son amour du beau et du vrai. Le beau c'est le laid n’est pas sa devise. Elle est un art et non pas un métier. Nos écrivains sont, à peu d'exceptions près, des poètes et non des machinistes. Nous n’avons pas pour les culs-de-jatte, les bossus, les courtisanes et toutes les autres laideurs physiques et morales ce goût particulier que nourrissaient Victor Hugo, Eugène Sue, Paul Féval, Théophile Gauthier et bien d’autres.

Elle possède le fond ; il faut lui donner là forme. Or, son défaut capital, c’est de manquer d’étude.

Elle n’a pas assez de connaissances, et l’esprit de ses maîtres n’est pas suffisam-