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acte premier

LÉVIS

C’est vrai, mais ce sera la fin de la guerre.

Quelle en sera l’issue, je l’ignore. J’espère toujours que nous vaincrons encore, et que fatiguées de leurs luttes prolongées, la France et l’Angleterre feront la paix.

GISELLE

C’est l’incertitude de ce dénouement qui fait l’angoisse de mon cœur. Songez, Gaston, à ce que deviendrait notre amour si le sort des batailles nous était contraire. Si la France allait être séparée de sa fille, comment ne serions-nous pas nous-mêmes séparés ?

LÉVIS

Voilà comment vous vous tourmentez toujours en prévoyant des catastrophes. Dans notre petit parterre où fleurit la fleur d’amour, vous prenez plaisir à cultiver les épines.

Non, Giselle, ne croyez pas à vos pressentiments funestes. Nous serons vainqueurs, et la victoire protégera nos amours. Et d’ailleurs, pourquoi vouloir absolument que la perte de la Nouvelle-France soit la fin malheureuse de nos amours ? Si vous ne m’aimez pas assez pour me suivre en France, je vous aimerai assez pour faire du Canada