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France reste française : je consentirais volontiers à servir mon roi en Amérique. Et alors je pourrais épouser Giselle et fonder un foyer dans ce beau pays qui serait encore la France.

Mais si nous sommes vaincus, et si le Canada devient une colonie anglaise, évidemment je ne pourrai pas y rester. Mon épée appartient à la France, et je ne voudrais pas vivre sous le drapeau d’Albion.

MONTCALM

Mais dans ce cas, mademoiselle de Lanaudière ne consentirait-elle pas à te suivre en France ?

LÉVIS

C’est là qu’est la difficulté. Giselle est canadienne, et très fortement attachée à son pays. C’est le berceau de sa famille ; c’est le tombeau de ses pères. Elle aime Québec, comme vous aimez Candiac. Elle chérit le Saint-Laurent comme vous chérissez le Vistre. Je crains qu’elle ne veuille pas quitter son pays.

MONTCALM

J’admire de pareils sentiments et je les comprends. N’est-il pas curieux que le sort de vos amours, mon cher Lévis, dépende ainsi du sort de la colonie ?