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LE CENTURION

y avait tout un événement dans cette rencontre imprévue du grand Prophète avec la mort.

Bien des fois déjà il avait déployé sa puissance sur la nature, mais que pouvait-il faire en présence de la mort, la grande ennemie qui n’est jamais vaincue ?

Oserait-il lui commander comme il avait commandé à la mer en furie ?

Couché dans son drap mortuaire, la tête posée sur un petit coussin de soie rouge, la figure découverte, le mort, fils unique d’une veuve, dormait son dernier sommeil.

Rien ne le troublait plus, ni les sanglots de sa mère, ni les lamentations des pleureurs, ni les éclats discordants des instruments de cuivre, ni les psalmodies des chantres, ni les pas cadencés des porteurs.

Le livre de vie était fermé, scellé pour lui. C’était la paix suprême, ou la paix terrible.

De même qu’il n’entendait plus rien, il ne voyait plus. Ses yeux étaient clos pour jamais. Et pourtant, il voyait l’au-delà pour toujours. Et dans cet inconnu, il ne serait plus jamais aveugle. Mais que voyait-il ? Nul ne le savait sur terre. C’est le grand mystère, dont le secret était peut-être connu par Celui qui venait d’arriver.

Mais ce n’était pas assez de connaître le secret de la mort pour rendre son fils à cette mère éplorée. Il fallait avoir la puissance de ressusciter. Le