XIV
UNE RÉSURRECTION
Les merveilles succèdent aux merveilles, et je me demande si je vis dans un monde réel, ou dans un pays de rêves.
Si j’entreprenais de te raconter tout ce que le prophète dit et fait en présence des foules qui le suivent, je t’écrirais des volumes. C’est impossible. Mais tu me blâmerais si je te laissais ignorer les faits extraordinaires dont un pur hasard me fait moi-même témoin.
Voici donc ce que j’ai vu de mes yeux, hier soir, à l’heure du crépuscule.
Je revenais à cheval avec quelques légionnaires d’une longue course du côté de Nazareth, et nous avions traversé la bourgade de Naïm, qui est bâtie dans une jolie vallée solitaire au pied d’une montagne. Nous suivions lentement, au pas de nos chevaux, une route sinueuse bordée de broussailles et de quelques arbres, lorsque nous aperçûmes en avant de nous un cortège funèbre qui s’en allait vers le cimetière de la petite ville, en gravissant la pente douce du Petit Hermon.
Rien n’est plus triste ni plus impressionnant que ces funérailles d’Orient ; et c’est en silence que nous nous rangeâmes à la suite du convoi.