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LE CENTURION

— « Je sais que le Messie qu’on appelle Christ, doit venir. Lorsqu’il sera venu, il nous instruira de toutes choses. »

Devant cette foi naïve, et ces aspirations généreuses vers Lui, Jésus épancha son cœur ; et dans un élan spontané, il lui dit :

— « Le Messie, c’est moi ! moi qui te parle. »

La Samaritaine n’en écouta pas davantage. Elle savait tout ce qu’il est nécessaire de savoir. Elle connaissait maintenant le don de Dieu ; et laissant là son urne vide, sans plus songer à cette eau matérielle qu’elle était venue puiser pour étancher sa soif, elle prit sa course vers la ville.

Et toute haletante, elle criait à ceux qu’elle rencontrait :

« Venez, venez, venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il point le Christ » ?

Et le cri de cette femme sortait si bien de son âme, et la croyance au Messie attendu était si vivace parmi les Samaritains, qu’ils accoururent au puits de Jacob à la suite de cette femme, malgré le mépris qu’ils avaient pour elle.

Quand Jésus les vit venir vêtus de leurs blanches tuniques, à travers les champs, il nous dit : « Levez les yeux, et voyez les campagnes qui blanchissent déjà pour la moisson. Encore quelques mois, et la moisson sera mûre. »

Nous passâmes deux jours à Sichar, et un grand nombre des habitants crurent, après avoir entendu notre Maître, qu’il était vraiment le Messie promis.