Jean. C’est de Sichar même, capitale de ce pays, que je t’écris, et tous ceux que j’ai rencontrés ici, et interrogés, ont confirmé le récit que Jean, fils de Zébédée, m’en a fait à Capharnaüm, il y a plusieurs semaines.
C’est même à cause de l’impression que ce récit m’a laissée que j’ai voulu voir de mes yeux le puits fameux de Jacob, qui est tout près de la ville.
Voici donc ce que Jean m’a raconté. Je lui cède la parole :
— « Nous revenions de Jérusalem avec notre maître, et nous traversions la Samarie pour nous rendre en Galilée. Au milieu du jour, nous étions arrivés près de Sichar, au puits de Jacob. Il faisait très chaud, et nous avions faim. Les autres disciples se rendirent à la ville pour y acheter des provisions. Mon maître s’assit sur la margelle du puits…
Après ce début, Jean hésita, comme s’il y avait dans son récit quelque chose qu’un païen ne devait pas entendre. J’insistai pour tout savoir, et il reprit :
« Sachez donc que Jésus de Nazareth est un descendant de Jacob, et que ce puits des aïeux lui rappelait d’antiques souvenirs qui sont chers à tous les Juifs, mais qui devaient lui être plus chers encore. Sachez aussi que la mission de son grand ancêtre en Mésopotamie est une figure de la sienne sur cette terre ; car il se dit envoyé par son Père céleste parmi les hommes, pour y chercher une