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LE CENTURION

donniez. Mais Jésus de Nazareth avait l’habitude de faire beaucoup de choses sans permission.

— Caïus n’attendit pas la réplique de Pilatus, et s’en alla préparer l’escorte.

À peine Pilatus était-il rentré dans son palais de la tour Antonia, que Caïphe et son beau-frère, Eléazar, fils aîné d’Anne, sollicitèrent une audience. Il les reçut sous un portique.

Après les salutations d’usage, Pilatus leur dit : Votre message m’est arrivé à Césarée, et vous voyez que je n’ai pas tardé à revenir. Car je comprends que les violateurs de sépulture et les voleurs de cadavre doivent être sévèrement punis, de même que les sentinelles qui dorment au lieu de veiller.

— Permettez-moi, gouverneur, dit Caïphe d’un ton doucereux, de vous faire remarquer que les soldats qui gardaient le tombeau ne sont pas romains mais juifs : ce sont nos gardes du Temple.

— Et alors ?

— Alors, c’est à nous de les punir, si nous le jugeons à propos.

— Les délinquants juifs sont soumis à mon autorité comme les romains. Car je représente César, et ils sont des sujets de César.

— Je ne conteste pas, gouverneur, votre autorité sur les juifs, ni votre droit de les punir pour tous les crimes et délits de droit commun ; mais il s’agit ici d’une légère offense contre la discipline par des gardes qui sont nôtres, qui relèvent de notre autorité. C’est par notre ordre qu’ils sont allés garder